jeudi 17 avril 2014

Le bleu des abeilles

C'est vrai, les abeilles voient les couleurs de fleurs différemment de l'homme. Elles sont sensibles au bleu et vert et sont totalement aveugles au rouge.

Autour des ruches de ma grand-mère, je vois surtout des fleurs jaunes, mais dans la prairie proche, myosotis, pervenches, bleuets...annoncent le printemps, et les sapins verts peuplent  les montagnes.
L
J'JJjJ'ai acheté " le bleu des abeilles " ( 100 pages environ ) pour agrémenter mon voyage et n'ai pas été déçue.

Laura Alcoba a une dizaine d'années lorsqu'elle parvient à quitter l'Argentine pour rejoindre sa mère, opposante à la dictature, réfugiée en France.

Avec courage et détermination, elle veut apprendre le français, " drôle de langue qui lâche les sons et les retient en même temps".
Nous suivons son apprentissage avec curiosité, elle aime les caractères jamais vus, l'accent grave et le circonflexe, et le   c  cédille.
Les  e  muets interpellent Laura. " Une voyelle qui est là mais qui se tait, çà alors " .
La fleur bleue,   e  voyelle indispensable et silencieuse qui ne se laisse pas attraper par la voix, ou alors à peine.


Toute seule devant un miroir, elle s'entraîne à prononcer des mots avec pleins de  r  , des   g   , des  s  entre deux voyelles, des mots " qui grésillent et font comme des chatouilles au fond du palais, des mots avec des   u    tordu, mordu, pointu...

Au CP, je n'arrivais pas moi-même à distinguer   le   u   et le  ou , pour moi les litanies étaient   genou, mordu, hibou, tordu... la maîtresse a eu du mal, ses astuces ne marchaient pas.

On suit Laura dans ses progrès en français et aussi dans sa vie de tous les jours.

Elle découvre la neige lors d'un séjour en Savoie, la neige qui recouvre tout, le petit chalet blotti au milieu de cette blancheur où tout résonne différemment.
  " Les syllabes s'incrustaient dans l'air froid comme des cailloux scintillants ".

Le meilleur arrive à la page 100, avec le fromage à pâte crémeuse dont l'odeur dresse une barrière avec le monde extérieur. Il s'agit du reblochon " avec son e presque éteint dans la première syllabe et sa finale qui vient se placer pile poil sous le nez, le nom de ce fromage est parfait ". Bravo.

Les sons, les odeurs, les couleurs, j'ai aimé ce livre et ne l'ai sans doute pas apprécié entièrement car je ne connais pas l'espagnol. Des subtilités m'ont certainement échappé.

Je pense acheter un autre roman de Laura Algoda à mon retour.


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